Chat spynx : Origines, caractère et santé d'un chat atypique
Le sphynx canadien : de l’intelligence et une peau de bébé !
Le chat sphynx, plus communément appelé sphynx canadien ou chat nu, représente ces chats à la peau nue, et sont pour la gente féline, de lointains cousins des Xoloitzcuintle, ces chiens nus mexicains qui ont démocratisé l’absence de poils chez les animaux domestiques.
Le hasard voudra d’ailleurs que les premiers chats nus connus de l’histoire soient apparus en Amérique du Sud, et plus particulièrement au Mexique. Aujourd’hui, ils parsèment le monde et trouvent de plus en plus d’amateurs prêts à les adopter, en y mettant le prix.
Découverte d’un chat extraordinaire, réputé pour son extrême intelligence et dont la peau de pèche évoque celle d’un nourrisson : douce, chaude et soyeuse.
Des origines sud-américaines au sphynx contemporain
Si l’histoire relève de la présence de chats nus dès le XIIIème siècle durant l’ère précolombienne et plus particulièrement dans les populations aztèques, qui les vénéraient, il faut remonter au XIXème siècle pour trouver une description précise des premiers chats nus dans la littérature scientifique.
En 1902, un certain Monsieur J. Schink se voit offrir, de la part d’indiens Pueblo (Nouveau-Mexique), un couple de chats nus qui lui seront présentés comme les derniers spécimens des chats nus aztèques. L’histoire voudra qu’il ne les fasse jamais s’accoupler, pensant qu’il s’agissait de frère et sœur de portée. Lors d’une correspondance avec l’un des tous premiers ouvrages consacrés aux chats, il décrira deux chats au caractère atypique, extraordinairement intelligents et affectueux, comme nul autre chat qu’il aurait connu.
Le sphynx tel qu’on le connaît aujourd’hui apparaît en 1966 au Canada. Issus d’une anomalie génétique semblable à une forme de calvitie, le premier chaton nu naît d’une chatte de gouttière, et sera accouplé à des Devon Rex grâce au travail de sélection du docteur Hugo Hernandez, qui s’établit aux Pays-Bas en vue de « fixer » cette particularité dans le phénotype des chatons : le sphynx canadien est né !
Les premières apparitions de chats sphynx en exposition féline se font en 1973, où il est bien accueilli par le grand public : la race fait un carton ! C’est en 1985 que le premier couple de sphynx est importé de Hollande en France par Aline et Philippe Noël, éleveurs et juges internationaux français.
Éleveurs réputés de races à poils courts et fortement impliqués dans la gestion du livre des origines félines en France (le LOOF), ils donneront naissance à Aménophis Clone, premier chat utilisé pour établir le standard originel de race pour le sphynx canadien, en 2004. D’aucuns considèrent, malgré les origines nord-américaines du sphynx, que la race en tant que telle est bien née en France.
Un gène, des races, un point commun : l’absence de poils
Il existe chez le chat deux gènes qui sont à l’origine de la nudité. Ces deux gènes, bien différents, ont donné deux races distinctes de chats nus : le sphynx canadien qui est l’objet de cet article, et le Donskoy, une autre race de chat nu, apparue en Russie et qui a la particularité de donner des félins totalement nus.
Le gène de nudité connu chez le sphynx canadien est récessif : il faut que les deux parents apportent ce gène de calvitie pour que les chatons issus du mariage soient nus eux aussi. En d’autres termes, si l’on marie un sphynx avec un chat poilu n’ayant pas d’ancêtres sphynx, tous les chatons seront forcément poilus (mais pourront donner naissance à des chats nus si on les marie entre eux, ou avec d’autres chats porteurs du gène de calvitie récessif)
D’un point de vue phénotypique, le sphynx canadien est donc dépourvu de poils sur le corps, mais pas de duvet en nombre d’endroits ! C’est ce qui donne à sa peau sa texture si agréable de « peau de pêche ».
Il est à contrario pourvu d’un court pelage sur le museau et les oreilles, et plus rarement à l’extrémité des pattes et de la queue.
C’est la principale différence avec son lointain cousin soviétique le Donskoy (ou Don Sphynx) : ce dernier est en effet totalement nu, et tient cette absence totale de poils d’un gène bien différent et qui a la particularité d’être dominant : si un Donskoy se marie avec un chat poilu, chaque chaton issu de ce mariage sera nu !
De ces deux races bien différentes, arriveront au fil des années plusieurs variantes issues de mariages parfois surprenants :
- Le Peterbald Sphynx, apparu en 1994 après le mariage d’un mâle Donskoy et d’une femelle orientale ; c’est en quelque sorte un chat oriental nu, avec l’apparence d’un siamois nouveau type
- Le Levkoy, d’origine ukrainienne encore peu reconnu au niveau international, et issu d’un croisement entre un Donskoy et un Scottish Fold. Le chat nu a la particularité d’avoir les oreilles repliées vers l’avant comme son ancêtre shorthair
- Le Bambino, issu d’un croisement entre un sphynx canadien et un munchkin cat : cet étrange chat présente donc le pelage d’un sphynx, et le physique du munchkin, le « chat teckel » ou chat à courtes pattes
- Le Cat Elf, apparu très récemment et qui, à l’inverse de son cousin le Levkoy, a les oreilles recourbées vers l’arrière. En effet, il est issu d’un croisement entre un Donskoy et un American Curl, présentant les singularités de chaque race !
Un physique que l’on aime, ou que l’on déteste
Le chat nu canadien présente clairement un physique que tout un chacun adore, ou déteste.
Chez le sphynx, toutes les couleurs sont possibles : tabby, dilution, présence de blanc, gène colorpoint donnant les yeux bleus… Ce sont plus de 2400 combinaisons génétiques (et autant de couleurs sur les pedigrees) qui peuvent être retenues !
L’une des principales difficultés étant qu’en l’absence de poils, il est parfois bien difficile de reconnaître certaines variantes de dilution ou de tabby : il faudra analyser le pedigree pour se réassurer quant aux possibilités phénotypiques, et croiser cela avec les observations du spécimen, notamment lorsqu’il est chaton, afin d’en déterminer avec précision la couleur. En effet, les très jeunes sphynx portent parfois une courte fourrure, qui disparaîtra avec la croissance.
Au niveau physique, le sphynx canadien présente une peau tantôt couverte de duvet, tantôt parfaitement glabre (totalement nue), avec la présence, très souvent, de poils sur la base du nez et des pavillons auditifs, sur les testicules, et parfois le bout des pattes et de la queue. Son faciès doit être pourvu de plis, ou rides, qu’il doit si possible conserver une fois adulte. Sa queue, en forme de fouet, est longue et ressemble à celle d’un rat (ce qui peut provoquer une répulsion chez certaines personnes !)
Ses larges oreilles, espacées et arrondies à l’extrémité, viennent couronner une tête anguleuse aux pommettes saillantes, et souvent dépourvue de vibrisses. Son corps, de taille moyenne, est massif, tel un petit molosse, et planté sur des pattes à l’ossature fine mais très musculeuses. L’abdomen est rond comme s’il venait de bien manger, et l’encolure musclée, avec un port de tête bien haut.
Une des particularités du sphynx n’est pas là où l’on s’y attend : en effet, ses coussinets sont sensiblement plus épais que les autres races de chats, donnant l’impression étrange que le sphynx marche sur des coussins d’air !
Un caractère hors du commun
S’il est une chose sur laquelle les amateurs de la race sont unanimes, c’est son extraordinaire caractère ! Le sphynx, on ne sait réellement pourquoi, fait preuve d’un véritable amour pour ses maîtres, et affiche une sociabilité qui n’a d’égale que son intelligence naturelle : beaucoup de sphynx savent par exemple ouvrir les portes, et il n’est pas si rare de trouver des spécimens capables d’ouvrir un mitigeur pour boire, ou à qui on a appris à aller aux toilettes !
Espiègle et toujours à la recherche du contact, il aime s’adonner à de folles parties de jeu avec les humains qui le côtoient, mais également avec les autres animaux de la maison. En véritable chat-chien, il sait rapporter un jouet qu’on lui aura lancé, à la manière d’un maine coon. Si vous avez des visiteurs, il ne fait aucun doute qu’il saura attirer leur attention d’une manière ou d’une autre : ce chat nu est un pitre au quotidien !
Côté santé : une belle longévité, mais un cœur à surveiller
La nudité du sphynx lui donne une allure de chat d’intérieur, fragile et sensible. Ne vous leurrez pas sur cette apparente vulnérabilité : ce n’en est absolument pas une ! Si le sphynx canadien n’est pas fait pour vagabonder la nuit dans le quartier, il ne lésine pas quand il s’agit de sortir dans le jardin, et ne craint pas tant que cela le froid.
Son épiderme, bien plus épais que les chats à fourrure, le protège, et surprendra à coup sûr un vétérinaire qui ne connaît pas la race : les aiguilles vacilleront lorsqu’il s’agira de le vacciner sur le dos tant le cuir est épais !
Si l’on prend garde à surveiller son cœur – la race est sujette à la cardiomyopathie hypertrophique féline, ou CMH, maladie cardiaque fréquente chez les chats – ce chat nu pourra vivre de 15 à 20 ans sans sourciller. Souvent porteur du gène spastique, le sphynx est allergique à la kétamine : il faudra veiller à alerter votre vétérinaire s’il doit l’anesthésier, au risque de provoquer un choc anaphylactique pouvant lui coûter la vie !
Il n’est pas plus sujet aux autres chats concernant les maladies communes qui touchent la gente féline, il faudra simplement veiller à le faire vacciner régulièrement.
Côté entretien : pas de brossage, mais un toilettage régulier
Qui dit peau nu, dit épiderme à protéger : le sphynx fait partie de ces animaux qui, comme l’humain, sont susceptibles de bronzer au soleil, et donc également d’attraper des coups de soleil ! Il conviendra donc de le protéger l’été et d’éviter autant que possible l’exposition prolongée sous les rayons cuisants des mois les plus chauds.
Selon les individus, les chats nus sécrètent plus ou moins de sébum au niveau de l’épiderme, selon que leur peau est plus ou moins glabre : un toilettage au gant (avec un shampooing spécial chat) de temps à autres permettra d’éviter de tâcher vos coussins et mobiliers.
Nul besoin pour le sphynx de brosses, cardes et autres accessoires de démêlage : sa nudité permet de faire au moins ces économies.
Il faudra en revanche surveiller les oreilles : aucun poil n’est présent pour empêcher les saletés de s’y glisser, il faut donc veiller à maintenir une hygiène irréprochable au niveau des pavillons auditifs en nettoyant régulièrement le cérumen.
Cher, le sphynx canadien ?...
Même s’il est devenu moins rare, le sphynx canadien demeure parmi les chats les plus chers à l’acquisition : comptez entre 900 et 3000 € pour un individu avec pedigree français, selon la lignée travaillée dans son élevage, et ses qualités phénotypiques.
Côté santé, ce chat nu n’est pas franchement fragile. À contrario, l’alimentation est importante pour lui ! En effet, son défaut de fourrure fait qu’il brûle plus de calories que les chats poilus afin de maintenir sa température corporelle, et son unique source d’énergie est la nourriture.
Il faudra donc s'orienter vers des croquettes plutôt haut de gamme (une nourriture plus riche en nutriments que la pâtée ou les croquettes bas de gamme) afin de minimiser les selles.